Voici un thème de revue Balint assez inhabituel. Parler de technologie alors que notre Société Balint s’intéresse spécifiquement à la relation soignant-soigné ? Et pourquoi pas ?
Les temps changent et la pandémie Covid 19 nous a obligés à nous adapter bien plus vite que prévu. Forcés de nous confiner, reclus, il a fallu trouver de nouveaux moyens de communication pour nos patients et leurs soignants.
Le corps médical a souffert pendant cette pandémie, tant les soignants de première ligne au contact des unités covid et de réanimation que chez le personnel des maisons de repos, les médecins traitants et les étudiants stagiaires infirmiers et médecins. Les questions de mort, de finitude et d’absurdité ont envahi nos cœurs et nos esprits. Les décompensations anxiodépressives ont augmenté. Les psychothérapeutes et les superviseurs ont été mis également à rude épreuve durant tous ces mois. Le chapitre 1 est consacré à cette thématique.
De nouvelles attitudes de soins et de nouveaux concepts sont apparus. Nous avons dû faire face à de nouveaux défis. Certains ont refusé la technologie. D’autres s’y sont adaptés. D’autres encore y ont pris goût et aujourd’hui ne veulent plus en changer. Le confinement a calmé certaines tendances phobiques et amené de la quiétude et de la sécurité dans leur vie habituellement trépidante et stressante.
Nous sommes passés de plusieurs confinements à un déconfinement de plus en plus important. Comment allons-nous évoluer ? Comment la société, la population en général, les patients et les soignants vont-ils amorcer cet inexorable virage ?
Des interrogations plus spécifiquement soignantes ont émergé au fur et à mesure de ces mois de pandémie.
Une relation thérapeutique de qualité peut-elle être maintenue via ces média ? Quelles répercussions sur l’état mental, psychique et physique ce mode de communication va-t-il engendrer ? De nouvelles pathologies vont-elles en découler ?
Comment les réactions transférentielles et contre-transférentielles vont-elles être gérées en visio-consultation ? Ces questions seront explorées au chapitre 3.
Des collègues médecins, psychologues, psychothérapeutes nous ont communiqué, à travers des vignettes cliniques, comment ils avaient vécu ces moments et ce qu’ils avaient perçu chez leurs patients.
De fortes réactions émotionnelles ont fait surface, tantôt agressives par nécessité de survie, tantôt de recul suite à des réactivations de peurs. Des retraits légers ou plus massifs ont amené d’autres patients à espacer et même à rompre la relation thérapeutique. Des formes d’insécurité et des réactions de doute ont saboté certaines relations de confiance établies durant des années de suivi. Un nombre de patients plus réduit a été réveillé dans de vieilles souffrances, d’anciens traumas d’abandon ou d’enfermement. Le pourcentage de troubles anxiodépressifs s’est aggravé pendant et après le confinement. Ces contre-coups émotionnels sont développés au chapitre 3.
Avec la sortie progressive du confinement et l’actuel déconfinement surviennent des réactions parfois étonnantes sinon disproportionnées. De manière compréhensible, quelques personnes manifestent des attitudes et des réflexes de libération explosent après avoir été si longtemps consignées à domicile.
Et pourtant, le mouvement Balint a continué tant au niveau national qu’international à mettre en place de nouveaux séminaires et à soutenir le fonctionnement des groupes existants. Le lecteur trouvera une série de réflexions à ce propos au chapitre 4.
Outre une réflexion éthique et sociologique abordée au chapitre 5, les avancées technologiques, l’intelligence artificielle et la bio-informatique auront indubitablement de plus en plus leur place dans notre arsenal thérapeutique sur le plan strictement organique mais également sur le plan psychique. Elles seront envisagées au chapitre 6.
Toute l’équipe de la Revue Balint Belge remercie les auteurs contributeurs, les cliniciens de terrain et leurs patients pour leurs témoignages.
Bonne lecture
Docteur Michel Delbrouck
ÉDITORIAL | Dr Michel Delbrouck | 7 | |
Partie 1 | LE NUMERIQUE DANS LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE | 9 | |
CHAPITRE 1 | Conséquences des situations de pandémie ou de catastrophes | Article du Dr Michel Delbrouck | 11 |
CHAPITRE 2 | LE NUMERIQUE EN MEDECINE | 21 | |
2.1 | Consultation par téléphone : une confiance perdue | Vignette clinique du Dr Jean-Sébastien Lambert | 21 |
2.2 | J’avais l’écran et lui le cran | Vignette clinique du Dr Philippe Heureux | 27 |
CHAPITRE 3 | LE NUMERIQUE EN PSYCHOTHERAPIE | 29 | |
3.1 | Ho’oponopono … ou le parcours thérapeutique étonnant de Mme N. | Vignette clinique de Mme Sophie Debauche | 29 |
3.2 | Virtuel mon psychothérapeute ? Virtuel mon client ? | Vignette clinique du Dr Eric Delens | 41 |
3.3 | Une femme aux couleurs de feu | Vignette clinique de Mme Delphine Remy | 47 |
3.4 | Le jeu de cache-cache virtuel ou comment garder le lien | Vignette clinique de Mme Aurélie Biernaux | 55 |
3.5 | Le numérique, quels enjeux transférentiels et contre-transférentiels ? | Article du Dr Michel Delbrouck | 61 |
CHAPITRE 4 | LE NUMERIQUE ET LE BALINT | 81 | |
4.1 | Le groupe Balint en visio-conférence | Article du Dr Françoise Auger | 81 |
4.2 | Autres expériences de groupe Balint en viso-conférence | Vignette clinique du Dr Christian Linclau | 87 |
4.3 | Le numérique et les groupes Balint | Exposé de Mr Jacob Benarosch | 95 |
4.4 | Evolution de la pratique médicale : quelques apports du Balint | Conférence du Dr Guy Even | 101 |
CHAPITRE 5 | REFLEXIONS SOCIOLOGIQUES ET PHILOSOPHIQUES | 111 | |
5.1 | Quand la distance permet plus d’acuité – RIP | Vignette clinique du Dr Florence De Corte | 111 |
5.2 | Ethique et numérique en psychogériatrie | Article du Dr Luc Decleire | 119 |
CHAPITRE 6 | LA QUESTION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE | 133 | |
6.1 | L’informatique au service de la médecine | Vignette clinique du Dr Jean-Loup Rouy | 133 |
6.2 | Cette jeune science qu’est la bio-informatique | Article de Mr Simon Boutry | 141 |
Partie 2 | LA SOCIÉTÉ BALINT BELGE | 153 | |
Hommage au Dr Jean Gillis | 164 |